vendredi 17 juin 2011

Le Pays Jaune (extrait 1)

L’enfance a un goût particulier. L’enfance est faite de sons. L’enfance a une odeur. L’enfance est une couleur. Jaune. Pour moi, Jaune.
Fermez les yeux. Essayez de vous souvenir. De quelle couleur était votre enfance ? Fermez les yeux. Fermez les yeux. Laissez-vous tomber dans l’abîme profond qui vous colle au sol, laissez la force de la terre vous envahir. Détendez-vous. Rappelez-vous.
Le ventre. Doucement. Il monte, il descend. Doucement. Vous sentez ? L’enfance arrive. Elle revient. Laissez-la venir.
Rappelez-vous, le premier souvenir qui vous revient, de quelle couleur est-il ?
C’est dimanche chez moi. On ouvre le volet. Le soleil jailli. Jaune. La poussière danse dans les rayons que fait apparaître et disparaître le saule aux feuilles encore tendres. C’était la nuit, et soudain, le Jaune est là. Derrière la vitre, pleines de gouttelettes, il y a des roses, roses rouges et douces, comme le cœur.
C’est un autre jour. Le Petit Prince voyage dans la maison. Dans les mains de ma sœur. « Qu’est-ce que c’est sur le dessin ? » « Un chapeau ». Non, pas un chapeau, un éléphant dans un cobra. Le Jaune est là, encore. Toujours. Il auréole la scène, réchauffe les doigts, nourrit les âmes.
C’est un autre jour, celui de mon anniversaire. Quel âge ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Mais je n’oublie pas le Jaune, il observe mon cumulet sur la couverture bleue, posée dans l’herbe verte, j’y atterris lourdement, dans ma robe blanche et rose. Sous un soleil éclatant. Tellement Jaune…

L’histoire qui va suivre nécessite qu’on pense à certaines choses, qu’on en oublie d’autres. Oubliez donc les soucis, ce sont eux qui définissent l’âge adulte. Et ces mots vous emmèneront au Pays Jaune et le Pays Jaune n’est pas un pays d’adulte.
Mais où est-ce ?
Comment ? Vous ne le savez plus ? C’est là-bas, tout au fond, au fond de vous. Oh, ne cherchez pas un endroit jaune. Ce n’est qu’un nom que je lui donne. Peut-être est-il bleu chez vous.

Le Pays Jaune.

Cette histoire ne commence pas par « il était une fois » parce que toutes les histoires pour que les enfants deviennent grands commencent ainsi, alors que cette histoire est une histoire que les grands redeviennent enfants. Cette histoire commence ainsi :
Fragile douleur du désespoir, qui longtemps nous ronge, va-t-en, je t’en prie, va-t-en. Comme tout était simple avant. Mais maintenant, personne ne sait qui il est. « Il », c’est un petit garçon. Ou du moins l’était-il. Maintenant qui est-il ? Il n’est pas grand et pourtant plus petit, il n’a pas de barbe mais sa peau n’est plus lisse, il n’est plus insouciant et pourtant pas encore conscient…
Lui, je ne peux pas lui dire de fermer les yeux comme à vous, parce que je ne suis pas là. Il ne sait pas de quelle couleur était son enfance, il n’essaye pas de savoir, il veut savoir quel sera son avenir. Le passé lui importe peu. Pourtant, le passé est d’or. D’or jaune, bien entendu. Il ne connait pas ses origines et a oublié ses sources. Trop vite les rivières se jettent à la mer, mais l’eau était douce, avant, et elle a connu un long périple.
Ce que l’on oublie toujours, c’est que l’eau de la source a connu celle de la mer. Elle en est née. Lui aussi l’a oublié. Il avance sur son bateau, pour le moment, il risque à chaque méandre de se prendre les rochers. Il lui est arrivé de foncer dedans. Alors, il a réparé son navire, cela à mis du temps, c’est vrai, mais il est reparti. Parfois, il a eu plus de chance et alors, on a halé son rafiot jusqu’au de là des rochers acérés, là où la rivière se calmait. La route fut plus longue, mais elle eut de bons avals.
Certains font la même route que lui sur d’autres rivières, ils sont fiers sur le pont, au bout de la proue. Ne t’en fais pas. Eux aussi couleront un jour. Et les jolies filles qui se prélassent sur le mat en descendront. Non tu ne resteras pas toujours au fond de cette cale. Un jour, tu te dresseras, terrible, tu hurleras les ordres, et ton bateau repartira enfin.
Vous savez ce qu’il se demande ? Il veut savoir où aller. Personne ne lui a jamais dit. « Là-bas » ou « tu verras quand tu y seras ». Et si on n’y arrive jamais ?
Et tout bas : « Et si on ne voulait pas y aller ? »

lundi 13 juin 2011

Le principe du blog, à partir de maintenant.

Quand je voudrais mettre des états d'âme, je mettrai... des états d'âme.
Le reste du temps, je mettrai des extraits.
De quoi?
De ce que j'écris, pardi!
Oui, parce que écrire, j'aime ça.
Donc...

dimanche 12 juin 2011

Réinvestissement de ce blog. presque immédiat.


Le but premier de ce blog, c'était d'étaler mes états d'âmes. Un blog quoi, un vrai de vrai, comme quand tout le monde faisait ça, en mieux, et en moi. Ensuite ça a dérivé. Dans mon esprit du moins, parce que sur papier, ou non, sur pixel, rien n'a bougé. Maintenant, je remue le navire depuis trop longtemps ancré. Je sors du port, mes invisibles amis, qui m'aime me suive! Ah, oui forcément, un blog discret-secret, ça n'attire pas grand monde. En somme, je suis mal-aimée. Ou inconnue. Bref, le temps de retaper le pont, et je m'arriverai dans une nouvelle ville, j'abaisserai le pont-levis - ah non, ça, c'est pour les châteaux - donc, euh, je glisserai la pacerelle, et montera qui voudra, pour m'accompagner jusqu'aux confins de l'horizon. Ou jusqu'à ce que vous en ayez marre. Sur ce, je m'en vais délivrer les voiles.